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UEFA-FIFA Réformes anti-foot

Dernière mise à jour : 6 juin 2020

Si le football est né bien avant, depuis la fondation de la FIFA en 1904 ce sport a connu bien des étapes dans sa professionnalisation. Naissance, développement, apogée, implosion ? Sacrifice peut-être.


 

Au fil du temps la part du football dans l’économie n’a cessé de croître. Le « foot business » (dit comme un gros mot) a généré de plus en plus de revenus de par le développement naturel d’un sport populaire.

A l’instar de la France, championne du Monde en 98 et d’Europe en 2000, le football connaissait son âge d’Or dans les années 2000. Des compétitions relevées, des champions emblématiques, et des résultats financiers boostés. Les instances pouvaient augmenter encore les rétributions aux clubs qui participaient à leurs compétitions, les clubs qui le souhaitaient entraient en bourse et les montants des transferts commençaient à flamber.

Un « foot business » qui présentait dès lors de nouveaux enjeux attirait de nouveaux personnages aux motivations inhabituelles. Sur les deux dernières décennies par exemple se sont multipliés les clubs détenus par des fonds d’investissements, des milliardaires étrangers, voir des Etats (PSG). Le but du jeu pour ces investisseurs est d’être rentable. Soit par le biais des résultats sportifs directement (difficile dans le football), soit en utilisant le club comme une vitrine pour leur image (ex : PSG pour le Qatar), ou même par des montages financiers avantageux pour le propriétaire impliquant d’autres activités. Autant d’investisseurs qui ont besoin de garanties.

Un désir longtemps enfoui

Dès les années 80 les grands clubs souhaitaient se regrouper, former une élite. Arrivé à la tête de l’AC Milan en 1986, Silvio Berlusconi était un des grands dirigeants qui pesait et votait pour la création de cet espace VIP. Un club fermé, qui permettrait aux grands d’assurer de gros revenus et une exposition médiatique nécessaires pour rester grands.

Ainsi l’UEFA, qui craignait de voir ses éléments majeurs lui échapper, décida de réformer la Coupe des Clubs Champions, pour proposer une Ligue des Champions qui incorpore davantage d’équipes et ainsi diminue le risque de ne pas y figurer. Depuis sa création la Ligue des Champions fut régulièrement modifiée. D’abord une phase de groupes à 8 équipes apparut en 1992 puis fut élargie à 16 en 1994, 24 en 1997 et 32 en 1999. De quoi satisfaire les grands de ce monde. Conjointement, les modifications des critères de qualification et de format ont toujours été faites dans le but d’avantager ceux-ci. Jusqu’à 2007 en tout cas.

Michel Platini

En 2007 l’ancienne star de la Juve et de l’Equipe de France est élu Président de l’UEFA. Le français brigue 3 mandats à la tête de l’organisation européenne durant lesquels il tente de redémocratiser le football, son football en tous les cas, celui de l’Europe. Il met en place des réformes rendant la qualification plus abordable aux petits pays. Notamment il met en avant les champions de ces ligues, ce qui est vision une du foot plus fidèle à ce qu’était la Coupe d’Europe à l’origine. Il met en place également le Fair-Play financier. Réélu en 2011 puis en 2015, année où la FIFA le sanctionne par sa commission d’éthique alors qu’il venait de se déclarer candidat à sa présidence (de la FIFA). Ecarté des élections par une commission d’une organisation qui n’a rien d’éthique, pour des faits que la justice ne condamnera pas. Platini est suspendu 4 ans par la FIFA, la justice suisse le blanchira en 2018.

Le caillou n’est plus dans la chaussure

A partir de là tout est possible. Réfléchissons à tout ce que nous avons vécu depuis 2016. La FIFA relance la machine. Auparavant Président de la Fédération de Slovénie, Aleksander Ceferin est élu 7e Président de l’UEFA pour remplacer Michel Platini, et devient vice-président de la FIFA de ce fait. Germent tout à coup de nombreux projets à l’échelle de l’Europe ou Mondiale. On entend en tous les cas plusieurs rumeurs de réformes, d’outils, de pactes. C’est flou et on a du mal à croire autant de rumeurs.

Les dirigeants, ceux qui occupent les sièges des institutions et des réunions en tout cas, semblent chercher un moyen d’innover, de chambouler les choses. Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui n’irait pas bien dans le football ? Ils semblent obsédés par la recherche de solution là où il n’y a pas de problème.

Dès 2015, alors que la Coupe du Monde a été attribuée au Qatar malgré la taille du pays et le climat. On entend tout d’abord parler de technologie. Cette fameuse vidéo (contre laquelle s’élevait l’exilé Platoche). La GLT (Goal Line Technology) est alors déjà en place, testée depuis 2012 et présente au Mondial 2014 cet outil qui ne devrait pas souffrir de contestation, et pourtant… On apprenait par des témoignages d’employés des sociétés responsables que d’une part il y avait des dysfonctionnements, et d’autre part que la montre de l’arbitre pouvait être actionnée par simple manipulation informatique. De plus, la modélisation visible comme preuve à la télévision est une simple illustration et n’est aucunement générée de manière ‘naturelle’ et instantanée. Mais ajoutons donc la vidéo puisqu’il le faut. On pensait que cette dénaturation du football (qui se coupe du même coup totalement du monde amateur qui ne peut pas disposer de cette technologie) devrait suffire à contenter la FIFA. Que nenni !

Les ‘réflexions’ s’enchaînent.

Les grands penseurs se réunissent toujours pour imaginer comment sauver un foot qui se porte à merveille. Ainsi Van Basten (!) évoque plusieurs règles qu’il envisage comme améliorations. Parmi elles, la suppression du hors-jeu (!!!). Comment un ex joueur peut en arriver à penser ainsi, prêt à supprimer La règle de ce sport ? Le foot serait pour de bon un jeu où des bonshommes courent derrière un ballon sans aucune stratégie. Pourquoi ne pas supprimer le gardien du même coup ? VAR Tout-Puissant

Le 3 Mars 2018 était votée à l’unanimité l’adoption du VAR (assistant vidéo à l’arbitrage) pour le Mondial en Russie. Une mesure validée donc 3 mois avant le début de la compétition majeure du football, alors que son utilisation est loin d’être maîtrisée. Créée en 2016 et expérimentée peu à peu dans différentes compétitions : - Mondial des Clubs 2016 - Coupe des Confédérations 2017 - Championnat australien 2017/2018 Et en Europe (puisque Platini n’est plus). - Championnats d’Italie, d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas et de Pologne 2017/2018

La Ligue 1 et la Liga y auront droit la saison suivant (2018/2019) alors que l’Angleterre l’adoptera pour son championnat 2019/2020.

Adoptée donc le 3 Mars, il y avait de quoi s’inquiéter, et je vous partage un tweet datant de ce fameux jour. Philippe Auclair, journaliste français en Angleterre, fin connaisseur du football, de sa culture et de son Histoire et très avisé sur la politique et les rouages des instances, alertait.

Outil non maitrisé qui gâche le Jeu et coupe le rythme et les émotions, ou alors simple facilitateur de résultats pour les équipes puissantes. Voilà ce qu’il fallait craindre ce jour-là, puisque l’option technique permet de prendre le temps de revoir les images oui et de bien réfléchir aux enjeux, aussi.

Le VAR a permis à la France de renverser la finale de la Coupe du Monde. Mal embarqués contre la Croatie les français ont eu besoin de réussite et de l’arbitre qui avait décidé de ne pas siffler la main involontaire de Perisic qu’il avait vu. L’arbitre a été sommé par l’assistant vidéo de bien vouloir revoir les images, ce qui implique qu’il a pris la mauvaise décision au départ. Dans ces circonstances quels ont été les propos exacts de l’arbitre vidéo d’ailleurs ? Nul ne saura. Le secret des oreillettes est bien gardé. L’arbitre après s’y être repris à deux fois lors du visionnage, se déjuge et offre le penalty, alors que l’esprit du jeu et les critères de l’action lui donnent tort de sanctionner.

Les craintes que j’avais, comme beaucoup, (je rappelle : de dénaturer le sport et d’avantager le favori) se vérifièrent. Cela dit le VAR se trouvait quand-même des fans, et parmi eux des médias influents. Ces mêmes médias qui ont besoin de la présence des équipes majeures afin d’assurer les meilleures recettes d’argent. Mais loin de moi l’idée de faire un parallèle bien entendu.

Coup de baguette magique, VAR Tout-Puissant apparaît en Champions League à partir de la phase finale 2019 alors que l’UEFA ne prévoyait pas son utilisation cette saison. Résultat : des scandales à la pelle dès les 1/8 de finale… étonnant dites donc. Chaque fois, l’erreur, l’interprétation sévère ou le dysfonctionnement technique de l’oreillette (!) (commode n’est-ce-pas), ont avantagé le club le plus puissant à l’UEFA (Manchester Utd vs Paris, Porto vs Roma, Juventus vs Atlético, Barça vs OL). Non, pas possible !?

Les fans du VAR se montrent tout à coup moins convaincus selon l’équipe lésée.

Cette réflexion est symptomatique. Des incohérences arbitrales (arbitraires) de ce genre se produisent tous les weekends dans tous les championnats, mais on se dit pro-vidéo jusqu’à ce qu’on s'en prenne au ‘bébé’. Il ne s’agit pas d’être anti ou pro-vidéo mais d’observer. Moi-même je reconnais du bon pour certaines phases de jeu mais en toute objectivité, vérifiant les craintes de départ qui semblaient évidentes et m’ont donc sauté aux yeux, je ne vois pas comment peut-on continuer de soutenir un outil aléatoire qui permet d’augmenter les injustices à volonté.

Quel est le nom du chef de ce club si privé où nous sommes si heureux ?

Page vidéo tournée, revenons à la métamorphose du foot par ses compétitions. La semaine passée, la FIFA nous annonçait deux choses : - passage à la Coupe du Monde à 48 dès 2022 (qui permettra encore aux plus grands d’assurer leur présence) - création de la Coupe du Monde des Clubs à 24 clubs (pour que l’élite soit encore plus élite et concurrencer l’UEFA finalement)

Comme si cela ne suffisait pas et pour finir de prouver que l’UEFA et la FIFA ne font plus qu’un quand il s’agit de rompre avec l’Histoire et se défaire de la raison, voici les coups de baguette magique de la semaine. Dans la foulée c’est au tour de l’UEFA de procéder à des réformes. En revanche la confédération n’a pas communiqué elle, ce sont les médias qui ont révélé les intentions.

La fin de la Coupe d’Europe

Dimanche The Wall Street Journal faisait part de la tenue prochaine (mardi 19 Mars) d’une réunion secrète entre l’UEFA et l’ECA (l’association des grands clubs européens) pour décider du nouveau visage de la Champions League. Les contours de cette nouvelle compétition étaient même détaillés par le média : - Une ligue semie-fermée de 32 équipes - Un système de 4 promotions/relégations par édition - Matchs disputés le Weekend Sauvés ! Les grands clubs en petit comité, tiennent leurs garanties. Ils sont même assurés de disputer plus de matchs européens (14 minimum par équipe) et de générer davantage de revenus. La ligue rêvée dès les années 80 voit donc enfin le jour.

Du moins ces précisions sont une des hypothèses. L’hypothèse 2 est apparue au cours de la semaine, et après la tenue de cette fameuse réunion entre UEFA et ECA. Un journaliste espagnol a fait part d’une version que voici qui proposerait une Ligue de 16 clubs (dont le Real et le Barça feraient systématiquement parties) et qui générerait 900M d’€ de droits TV. Voici les 16 clubs de départ concernés selon la version de Juan Antonio Alcala :


Suite aux révélations du Wall Street Journal Javier Tebas, Président de la Liga Española, avait réagi dès ce weekend en s’élevant contre cette prétendue réforme craignant de voir se dérober les bijoux de famille (Real, Barça, Atlético). On peut craindre en effet que du même coup les grands clubs européens abandonnent leurs ligues nationales. Au mieux les championnats domestiques seraient relégués à la cave avec des matchs en semaine donc, pour conserver les grands.

Alors qu’en Décembre 2018 l’UEFA annonçait vouloir créer une 3e coupe d’Europe (avec quel calendrier ?!) pour les petites équipes dès 2021, s’ajoutant aux actuelles C1 et C3 pour contenter les petites nations, voilà l’élite de l’élite entre elle qui bouscule l’ensemble des championnats.

Récapitulons

-Des grands clubs, entre eux, se partagent les parts d’un gâteau chaque fois plus gros, de 2 compétitions (Mondial des clubs à 24 tous les 4 ans organisé par la FIFA, et la Superligue Européenne semie-fermée - ou fermée ? - à 32 ou 16 équipes chaque année organisée par l’UEFA). -Des championnats nationaux appauvris, soit par retrait des équipes majeures et historiques, soit par perte d’espace, d’exposition et d’accessibilité pour le public.

Cette réforme d’un football ethno-centré - mort de la Ligue des Champions – entraînera à terme la disparition des championnats nationaux et potentiellement donc du football des sélections.

Disparition du sacré

Tout s’est accéléré d’une manière stupéfiante mais pas imprévisible. Depuis 2016, et l’avènement de Gianni Infantino, prétendu sauveur d’après ère Blatter, le foot fuit son public. Défaisant ce que Platini (dont Infantino était le vice-président à l’UEFA) avait fait en rendant le football aux petites nations, sans augmenter le nombre de participants, et sans les parquer dans une compétition annexe.

On parle même de plus en plus de délocaliser le football. On multiplie les matchs et on les exporte. Par exemple la Supercoupe d’Espagne déjà délocalisée en 2018 le sera de nouveau en 2019 et son format changera pour disputer une mini coupe à 4 équipes, comprenant les 2 finalistes de la Coupe du Roi et les 2 premiers au classement du championnat au lieu des 2 seuls vainqueurs de ces compétitions. Quel est le sens de tout ça ? L’argent. Tout est sacrifié pour l’argent.

Avant que la réforme de la Champions League n’éclate au grand jour on évoquait déjà une délocalisation de sa finale (!), aux Etats-Unis, par exemple. Très pratique pour faire du fric, beaucoup moins respectueux des fans dont on n’a strictement plus rien à faire. Pour ne rien envisager de meilleur une étude démontre d’ailleurs que la moitié des clubs de Premier League en Angleterre (10/20) n’ont même plus besoin des recettes de billetteries pour être rentables. Les revenus du foot sont tels que le supporter va devenir inutile. Quoiqu’il en soit, le public n’intéresse certainement pas Gianni Infantino, en dehors de ses virements bancaires aux diffuseurs en tout cas. Le football sport du peuple ? Foutaise !


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