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After Apocalypse - And Now ?

Dernière mise à jour : 6 juin 2020



 

Lyon était dans une bulle. Depuis Juin l’OL a changé de visage, un président qui reconsidère ses convictions, l’invention du Directeur Sportif, l’arrivée d’un coach étranger et bien évidemment les transferts de joueurs.

L’identité lyonnaise venait de vriller brusquement, ce qui ne voulait pas dire que l’OL disparaissait mais devenait un nouvel OL, ambitieux, et prêt à miser sur une révolution. L’OL était alors dans une bulle de nouveauté où il n’y avait aucun repère.

Si le projet était inédit, en interne si, il restait le staff, et des joueurs. L’objectif était de remodeler le club, pour remodeler le jeu. Or Sylvinho venait seul, appuyé par Juninho certes, mais sans staff. J’ai évoqué plusieurs fois déjà le souci que représentaient les habitudes des joueurs, installés dans un confort néfaste depuis 3 saisons (c’est colossal). Le ras le bol rabâché par Anthony Lopes ne dit rien d’autre, lui, le plus fidèle lyonnais, à l’image des supporters, a connu toute l’évolution, et tout comme eux il est dégouté. Les joueurs qui quittent le club ont tous le même discours, prouvant que la charge de travail et le niveau d’exigence sont supérieurs ailleurs. Il était forcément périlleux pour un coach exigeant de débarquer au sein d’un staff qui a participé à ce confort. Un seul homme ne fait pas une révolution.

Le miracle (car ça tient du miracle) a eu lieu lors des deux premières journées, et là où on s’attendait à un inévitable temps d’adaptation l’OL était déjà fort de 2 victoires et d’un goal average de +9. L’attitude générale des joueurs et la cohésion ont permis des résultats mérités. L’efficacité a fait le reste mais on parle d’efficacité d’une équipe qui entreprend et va de l’avant, ce qui n’est pas de la chance. La bulle lyonnaise était celle d’un rêve, où on voit la vie en rose, et on présageait des débuts facilités pour Sylvinho avec un groupe en confiance qui constaterait que la méthode payait.

Mais le miracle n’a pas duré. 11 jours et un G7 plus tard, on a vite retrouvé l’équipe en pantoufles des saisons passées. La faute à un écart de 11 jours entre la J2 et le match décalé de la J3 ? Toujours est-il qu’à Montpellier les joueurs semblaient avoir oublié que pour gagner les premiers matchs ils avaient fourni beaucoup d’efforts, individuels mais surtout collectifs. Le match tournait mal, à 10 contre 11 l’OL enregistrait la première défaite d’une série chaotique.

La bulle ressemblait au fil du temps de plus en plus à un nuage noir, et rien ne semblait annoncer une embellie. Ni la Champions League se révélait être une source de motivation contre le Zenit, ni le promu Brestois ne constituait une proie idéale pour se rassurer. Entre temps les craintes des joueurs et la perte de contrôle du coach avaient poussé à devenir plus méfiant que jamais et on s’empêtrait dans une tactique défensive de plus en plus frileuse. La malchance faisait son apparition comme une cerise sur le gâteau contre Nantes (0-1 sur csc de Marçal), mais à l’instar de la réussite provoquée lors des 2 premières journées, la négativité, la peur, et le repli sur soi engendrent l’infortune.

Au pied du mur, on sentait la bulle proche du crash, alors que dans un sursaut elle reprenait de la hauteur à Leipzig, où les joueurs ont prouvé à nouveau que quand l’impact réclamé par le coach qui base son jeu sur le pressing est respecté, Lyon gagne. Ce n’est pas absolu, il a fallu de la réussite et même de la chance, mais Lyon a fait son match, et a gagné, pour la 3e fois sur 3 dans ces circonstances.

Sylvinho sur un fil, soulagé à Leipzig, il restait l’obstacle ultime de Saint-Etienne. Ce derby était évidemment un match couperet selon ce qu’avait avancé Jean-Michel Aulas dans sa communication. Et on éclata la bulle. La défaite de trop. Le non-match de trop. Lopes encore lui, qui avait encensé son coach à la sortie de match de Leipzig fustigeait les joueurs à Geoffroy Guichard au micro de Canal +. Le gardien accusait l’absence de cohérence de l’équipe dans sa capacité à fournir les efforts d’un match à l’autre.

Il aurait sans doute fallu du temps à Sylvinho pour prouver, on ne juge pas de la qualité d’un entraîneur en 11 matchs, c’est impossible. Mais le président se sera montré impatient, là où Bruno Genesio aura bénéficié de 3 ans et demi pour ne pas démontrer d’amélioration, ni dans le système de jeu, ni dans l’intensité, ni en question de parcours dans les différentes compétitions.

Mais la bulle a peut-être éclaté d’elle-même ?

Là où je peux rejoindre la direction de l’OL, c’est sur le fait que la bulle se fragilisait de jour en jour. Il aurait fallu un signe pour garder la foi. Leipzig en était un, plein de sens et d’espoir. Mais il aurait fallu confirmer par un esprit plus positif dimanche. A Geoffroy Guichard, Sylvinho a continué de ne jurer que par la force défensive, pour résister dans la tempête d’une série en cours de 6 matchs de Ligue 1 sans victoire. L’idée n’est pas odieuse en soi mais il aurait fallu qu’elle soit accompagnée de la même abnégation qu’en Allemagne. Pour revenir à notre bulle, elle semblait grandement affaiblie par la perte de ses propres repères établis en pré saison. Où était le jeu offensif ? Où était le 4-3-3 ? Où était le pressing ? On ne reconnaissait pas le projet Sylvinho. Le coach était contraint à progresser dans le chemin opposé où il voulait aller et on ne savait pas vraiment si le courant allait s’inverser avant la noyade. Certainement perdu et désenchanté par l’ampleur du chantier, l’entraîneur autoritaire, militaire, en est même arrivé à diminuer son exigence disciplinaire, puisqu’on nous rapporte qu’il n’a pas réagi au retard d’Andersen à la causerie d’avant derby. Juninho a constaté les faits et jugé que Sylvinho n’était plus lui-même. Il faut dire que sous la pression maximale d’un double ultimatum (Leipzig + ASSE), qui se serait de toutes façons prolongé ensuite, qui resterait en totale possession de ses moyens ?

Je ne jugerai pas Sylvinho qui n’a pas obtenu de résultats avec des ajustements tactiques contraires à ses principes. Je ne sais pas à quel point la situation ne laissait place à autre chose. Je déplore simplement que nous n’ayons pas pu observer la mise en place réelle de son football, aperçu lors des deux premières journées. Puisqu’il en est ainsi, place à une nouvelle page, en attendant de voir de quoi sera fait la prochaine expérience du brésilien.

Et maintenant ?

« Que vais-je faire ? », se dit l’OL. Trouver un nouveau coach ! En voilà une idée, mais encore ? Un coach français ! Le problème résiderait donc la langue ? Molière vous sauvera. Ou le problème se situerait-il plutôt dans la méthode qui exige un niveau physique et tactique soutenu ? Sylvinho a eu des torts mais pas tous, et tactiquement il a tenté des choses, mais nous avons entendu des joueurs dire qu’ils ne « comprenaient pas ». Embêtant, et en même temps peu surprenant après 3 années de freestyle et de liberté. Si l’OL veut se relever et sauver sa saison cela passera par n’importe quel pompier, qui reboostera l’équipe en satisfaisant les joueurs et en se basant comme à l’époque sur les fulgurances d’individualités, car il y a bien sûr des joueurs de qualité (même si le milieu de terrain s’est appauvri à l’intersaison). Est-ce cela que veut l’OL, retomber dans le minimalisme et se complaire dans une stabilité sans saveur ?

Si l’OL veut maintenir son niveau d’exigence décrété fin Mai par JMA, il lui faut à tout prix un coach renommé. Sa mission sera de rétablir un climat plus serein, pour rebâtir un plan de jeu concret capable de répondre au niveau de la Champions League, et d’utiliser à terme les acquis de cette saison pour améliorer l’équipe à l’intersaison.

Juninho reste logiquement en place, et c’est à lui de proposer un profil capable de composer avec un effectif qu’il n’aura pas choisi pour cette mission. Or, en pleine saison la difficulté est de trouver un coach libre répondant à ces critères.

Quel coach ? En parallèle, si la langue n’est pas un facteur responsable de l’échec, il est fort probable que Jean-Michel Aulas y attache de l’importance en revanche cette fois-ci puisqu’il faudra limiter au maximum le temps d’adaptation du nouveau coach dans une saison qui en est bientôt à son tiers en nombre de matchs. Parmi les coachs disponibles on recense ainsi : José Mourinho, Massimiliano Allegri, Rafael Benitez, Arsène Wenger, Laurent Blanc. Il y en a d’autres mais je recense les coachs qui répondent aux exigences de la mission.

De tous les profils Mourinho me semble le plus apte à relever un vestiaire dans une situation de crise et le statut du coach donnerait enfin à l’OL le rayonnement dont il se prive depuis que l’après Houllier l’impliquait. En revanche, le jeu de destruction proposé par le portugais depuis de nombreuses années n’est pas plus emballant que les dernières compositions de Sylvinho. En Ligue 1 cela dit, disposant d’une marge supposée entre la capacité du club (budget et qualité intrinsèque de l’effectif) et de nombreux concurrents, peut-être y aurait-il une autre ambition chez un coach qui s’est reposé ?

Les pistes qui semblent les plus sérieuses connaissant la vision du boss de l’OL sont forcément françaises. Laurent Blanc qui était en contact avancé avec l’OL, depuis un appel du pied qui date d’il y a 12 mois déjà (Octobre 2018), s’est à nouveau entretenu avec Jean-Michel Aulas il y a peu. Un des points de désaccord lors de l’intersaison passé portait sur sa venue au club avec son propre staff, impliquant le départ du staff historique.

Arsène Wenger, qui semblait avoir définitivement tourné la page de sa carrière de coach serait finalement enclin à reprendre du service. Le profil plaira forcément à l’OL et son président quand on sait combien il a l’expérience des jeunes joueurs. Un coach si expérimenté en Coupe d’Europe est une aubaine pour le club formateur. On peut émettre des réserves sur le fait que le plus anglais des français avait pris sa ‘retraite’ pour de bonnes raisons. Est-il sage de miser aujourd’hui sur un entraîneur qui a terminé avec peine sa carrière londonienne ?

Parmi les entraîneurs qui parlent français, Marcelo Gallardo sera potentiellement libre dès Décembre. Mais miser sur un intérim de plus de deux mois est-il un bon calcul ? De toutes façons, même si Gallardo a archi-prouvé sa qualité de coach, éblouissant avec River Plate, je ne pense pas qu’Aulas se tourne vers ce genre de profil (étranger, qui n’a pas entraîné en Europe, même si a joué en Ligue 1). Pourtant celui qui ira chercher l’argentin sera certainement heureux, mais c’est une autre histoire donc.

Le staff : Peu importe qui sera choisi comme nouveau coach, l’OL a tout intérêt a tranché cette fois, et sans pitié. Juninho l’a suffisamment fait remarquer ces dernières semaines, il tient le staff pour responsable autant que Sylvinho. Il faut que le coach qui sera nommé vienne avec son propre staff. Il est malheureux de mettre tout le monde dans le même panier mais c’est peut-être la seule solution pour enfin couper le groupe de son confort nocif au jeu, et de forcer les choses. Il était évident que Sylvinho courrait à la catastrophe en étant tout seul dans son projet, planté au milieu d’un club (staff-joueurs) qui n’avait rien réussi dans cette configuration-ci.

S’il fallait faire le tri il serait évidemment impossible de garder ceux qui ont le plus d’ancienneté et qui ont contribué à toutes ces années d’un OL terne. Parmi les arrivées les plus récentes je conserverais Grégory Coupet, héritier de Joël Bats, qui a été la seule force constante du club. Le gardien de but est la seule valeur sûre de génération en génération à Lyon, et avec Coupet il est indéniable que Lopes a encore franchi un palier la saison passée.

En conclusion:

Sylvinho a échoué quelque part, mais pouvait-il réussir au sens où on l’entend ? Dans l’entreprise qui était la sienne et celle du club, seul le temps aurait pu répondre. On ne refond pas un club en 2 mois de compétition. Le club a voulu bien faire mais a oublié la moitié de la liste de course. Il manque un remplaçant à Fekir, il faut un nouveau staff plus fort, et il faut que l’OL mise sur une tête d’affiche en coach pour retrouver son image. C’est un travail conjoint du Directeur Sportif, du coach et de SON staff - où le savon sert bien à refabriquer la bulle et pas à enduire la planche - ,qui pourra reprendre en main un groupe de joueurs parti à la dérive depuis trop longtemps. Il n’y aura pas de miracle, il faut un cadre clair, strict, qui ne dépend pas que d’un homme aussi autoritaire soit-il. Comme toute maladie, plus on attend et plus elle est dure à soigner. Les 3 ans et demi sous Genesio se payent. L'apocalypse ? Et maintenant, à l’OL de prendre sa maladie au sérieux, et d’appliquer le traitement qui convient, enfin.


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