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AULAS : l’accouchement (TRES) pénible

Dernière mise à jour : 6 juin 2020

Absolument tous les scénarios avaient été envisagés, expliqués, prédits, et pourtant… Jean-Michel Aulas a réussi à porter la réalité un cran au-dessus de la fiction. Alors que le président de l’OL était l’acteur de la conférence de presse la plus attendue de la décennie, voilà l’événement réduit à un exercice de déchiffrage de propos insensés.



 

Nous voici donc à devoir analyser la conférence de presse elle-même plutôt que son objet. D’une part il est absolument nécessaire de se repasser l’ensemble des propos et les décortiquer pour en tirer quelque chose d’audible qui tendrait vers un semblant d’indication quant à l’avenir du coach.

D’autre part, la tâche est surtout incontournable pour comprendre une conférence lunaire qui comporte finalement énormément d’informations - annexes certes - permettant de dévoiler les pires aspects de la personnalité du dirigeant. Vous comprendrez bien assez tôt.

Resituons les choses d’abord si vous n’êtes qu’un suiveur occasionnel des actualités du club.

La condition du coach lyonnais est compliquée vous le savez. Critiqué par nombre de supporters depuis ses débuts et davantage au fil du temps, le voilà approchant la fin de son contrat qui le lie au club. Le président lyonnais doit décider s’il veut conserver ou non son entraîneur à son poste et dans une situation hostile qui empirerait avec une reconduction.

Dès lors 2 solutions sont possibles, soit attendre la fin de la saison pour annoncer la décision soit choisir une date précoce. On apprend courant Mars que la décision sera prise et annoncée bientôt. A partir de là on sait que si le choix final est de prolonger le coach l’hostilité des supporters sera grandissante pour la fin de saison et la suite.

Une date est d’abord annoncée courant Mars, puis une autre, puis jouant avec la patience des supporters on redécale à plus tard. La date arrêtée est le 2 Avril 2019. Or, le ‘hasard’ fait que l’OL joue sa demi-finale de Coupe de France à domicile contre Rennes ce soir-là. Personne n’est dupe, on sait que la volonté du club est de conserver Genesio.

1) JMA semblait vouloir profiter de la qualification en Finale pour se plaindre, se donner raison, et renvoyer un moment positif pour le club à la gueule de ses détracteurs. 2) La tactique semblait risquée, et il fallait bien mal connaître l’OL de Genesio pour ne pas le voir venir.

2 Avril 2019 / Décines / 21h10 :

Coup d’envoi, le public est là, l’enjeu et les places à 5€ ont attiré du monde. En fait tous les supporters lyonnais sont nécessairement scotchés devant ce match car l’enjeu n’est pas que celui du terrain. Avoir placé l’annonce de la décision ce soir-là donne évidemment un aspect pesant à cette rencontre, déterminante pour la suite. Une élimination rendrait la prolongation difficilement assumable, les supporters le savent, ce qui génère une pression pas indispensable sur le coach et ses joueurs. Si vous en doutez voici deux sondages que j’ai réalisé le soir même sur Twitter, l’un qui a débuté en avant match, et qui concernait le seul sort de l’entraîneur indépendamment du match :

L’autre a été lancé juste avant le match, à 0-0 et a gardé à peu près la même tendance alors que le score évoluait en faveur ou en défaveur de l’équipe en blanc.

Une place en Finale politisée (du point de vue sportif), que la majorité était prête à sacrifier. Le calcul de JMA était très risqué, et ce qui devait arriver arriva. L’OL ne propose pas une prestation à la hauteur de l’événement, le niveau du match est quelconque mais les rennais sont meilleurs et expulsent le club en dehors de la Coupe de France autant que le pari d’Aulas de la colonne des gains.

Carton rouge direct pour le Président, qui va devoir maintenant assurer le vrai événement de la soirée et s’adresser à un public à qui il a donné rendez-vous et des médias qui ont déjà bondé la salle de presse, faisant leur travail pour relayer la prochaine étape d’un jeu dangereux (même si parfois ils oublient leur métier pour faire directement le jeu du dirigeant mais passons…).

La Conférence de presque : Conférence, confidences et confusions

Voici le Président présent, ET son coach. A première vue on se dit que le signe est peut-être favorable à Genesio, côte à côte, plutôt qu’un coach isolé face à la presse, ou encore ‘écarté’ (comme un symbole) laissant place à son supérieur seul qui ferait l’annonce d’une fin. Non ! En fait Genesio apparaît très irrité, il perd son calme à cause de bruits parasites et semble agressif. JMA adopte un air grave alors que Genesio semble de plus en plus ému. Instant de flottement tout à coup, on attend la prise de parole du Président.

C’est parti ! Il parle, parle, parle…parle, parle… Il nous parle du résultat du match qu’on vient de regarder. Il s’en prend ensuite aux journalistes, les traitant finalement de menteurs concernant leurs propos sur les méthodes de fonctionnement et de détermination de la politique sportive, clamant que tout repose sur des analyses stratégiques minutieuses. Il nous parle d’EBITDA d’un air fier - un brin trop ordinairement hautain -, d’analyse de match qui « ne lui appartient pas de faire », de comité de gestion très compétent, de chiffres financiers qui lui procurent énormément de plaisir et de sensations… Puis il reformule un peu tout ça, dans le désordre (ou dans l’ordre ? on ne l’écoute plus...).

L’affluence

Il prend également le temps, aussi, de traiter les supporters de menteurs à leur tour. Car lors des réunions avec eux, ils ont fait remarquer que les tribunes du stade se dégarnissent. Là, alors que la fameuse décision est attendue comme jamais, le boss estime urgent de détailler les statistiques officielles d’affluence du Stade aux 4 noms (le fameux Grand Parc Stade OL des Lumières Groupama). Que dire ? Si ce n’est que ces statistiques ne reflètent absolument pas la réalité de l’attrait des matchs et donc du jeu et donc du coach (puisque elles incluent systématiquement le nombre total d’abonnés et autres invitations même si absents). Un simple coup d’œil suffit pour constater un stade clairsemé et un étage supérieur (3e anneau du Stade) la plupart du temps fermé, au moins en partie ou totalement. Qu’est ce qui aurait poussé l’OL à commercialiser des billets à 1€ pour la future réception de Dijon ce samedi 6 Avril ? Un élan de bonté ? L’abandon du but lucratif ? Refermons cette parenthèse tragicomique dont nous a gratifié le Boss, qui ô combien n’était pas le propos de cette conférence de presse.

Le travail commence !

Soudain, le voilà accoucher d’une toute première information utile. Les journalistes et les téléspectateurs hypnotisés revenaient tout à coup à eux pour assister l’opération. "Allez-y ! Poussez Jean-Michel !"

« On avait convenu que si nous allions en finale de la Coupe de France ; ce qui n’est plus le cas ; et si nous étions sur le podium, il y aurait une prolongation de contrat que nous avions discuté, de 2 ans. »

Alléluia on voit la tête, Jean-Michel ! Tous les yeux sont écarquillés devant la magie de l’éclosion.

Puis il s’en reprend aux journalistes pour la deuxième couche, d’un air dédaigneux, estimant que les médias avaient « tout faux » puisque certains avançaient une durée de 2 ans + 1 le weekend précédent. Une approximation qu’il qualifie de « jeu malsain », comprenne qui pourra.

Face à un JMA qui s’est tout à coup contracté c’est à nous, pauvres pêcheurs, et sages-femmes d’un soir de faire la gymnastique nécessaire pour rattraper le fil du laborieux processus. On est amené à comprendre que la défaite du soir vient de sceller le sort de Bruno Genesio (toujours assis à côté, muet !).

Le malaise et l'accouchement façon yoyo

On a donc un enfant puni, qui écoute sagement combien il a échoué, tout en étant confronté aux regards ahuris de ceux qui pendus à son ersatz d’annonce de décision apprennent au goutte à goutte le point de vue d’un Président en roue libre.

Premier rebondissement, ce constat d’échec se termine par un compliment.

« J’étais heureux de proposer à Bruno une reconduction, car moi je considère qu’il fait du très bon travail. »

Tiens donc ? Et la fine analyse qui détermine la politique sportive que devient-elle tout à coup ? Remise en cause par un simple résultat ? D’une simple demi-finale ? Un match gagné ou perdu pourrait-il être décideur du sort même de l’entraîneur; comme supporters et journalistes l’affirmaient, vraiment ? Comment se fait-il que l’on puisse s’en remettre à pareille méthode concernant un coach qu’on estime et qu’on trouve très bon ?

Le Boss en revient aux supporters, et fait état de ses entrevues avec les différents groupes afin de repréciser que celui qui dirige, c’est lui. Simple diversion avant de revenir au sujet.

« Le deal que nous avons convenu ne tient plus. »

Le bébé est là ! Alors qu’on n’y croyait plus, voilà qu’il est déjà dans ses bras et il nous le présente. Genesio ne sera pas prolongé. C’est clair. On peut imprimer les gros titres.

Mais ! La phrase s’allonge tout à coup... :

« Donc y-aura pas de reconduction jusqu’à la fin de saison ; on prendra une décision en fin de saison. »

Là, personne ne sait plus rien… enfin le bébé est là, mais il vient subitement de changer de sexe. Alors qu’on se grattait déjà la tête depuis longtemps on commence à se pincer. Mais le meilleur arrive :

« Donc tout ce que vous avez dit malheureusement c’était du vent. »

Dans la confusion se parlerait-il à lui-même ? (Cela expliquerait la nature de la scène quelque part.) Mais non ; on retrouve juste notre vrai Jean-Mimi ! Impossible pour lui de faire des choses simples de manière sobre. Trop content de pouvoir jubiler en narguant la presse - et le public par la même occasion -.

« Je crois que pour l’avenir ça doit servir de leçon car nous sommes des gens droits, des gens équitables. »… « processus tout à fait sain, tout à fait raisonnable et tout à fait rationnel. »

Ainsi, le dirigeant de l’OL se présente comme un homme honnête, un sage, face à une presse qu’il aimerait voir entièrement à sa botte (le cas seulement en partie aujourd’hui dans les faits), ou censurée à sa guise alors qu’il sait la menacer à répétition de boycott. Si vous en doutez, voici un tweet posté par le personnage pas plus tard qu’hier (3 Avril) qui en dit long sur ses méthodes. Alors qu’il y a un mois il intervenait en zone mixte face caméra avec véhémence pour menacer ouvertement l’Equipe de boycott, il détermine aujourd’hui qui détient la vérité et qui a le droit de s'exprimer sur l’OL au sein même du journal.

Il poursuit ses propos en rabaissant ces fâcheux médias. Il explique qu’ils ne savaient rien et que la prolongation n’était finalement pas prévue pour ce soir, même en cas de victoire. Là encore, manque de bol pour le Boss des Boss, ça ne prend pas, mais mieux la prolongation était justement tellement prévue (dans un élan d’optimisme aveugle et d’audace naïve quant aux choix du timing) que son propre service communication, sur le site internet du club a oublié de rectifier le message d’origine.

Ballot pour un dictateur de ne pas maitriser son propre canal. Reste pour son orgueil que le comité de gestion à l’unanimité a validé la proposition dudit deal. Ce même comité renommé « comité de digestion » pour expliciter le réel fonctionnement du processus décisionnaire à la tête du club.

Ce qui tournait dans la bouche du patron à une auto distribution de bons points laisse place à une sommation aux journalistes de faire leur autocritique. Les voilà punis, comme Bruno.

Pour n’épargner personne sauf lui, il s’en prend aux joueurs au passage :

« Je suis catastrophé de la performance de nos joueurs ce soir. »

et reprécise une chose inouïe :

« On va rester en l’état … Je suis triste de ne pas pouvoir vous annoncer ce qu’on avait prévu d’annoncer, c’est-à-dire le fait que Bruno pourrait re-signer 2 ans de manière automatique dès qu’il le souhaiterait. »

Hm, hm, pardon ?!! What ? Alors que cette phrase servait de conclusion à son intervention elle vient tout remettre en cause ! L’air de rien… et contrairement à ce qu’il a démenti.

1) Cela confirme qu’en cas de victoire, ce seul match décidait de la valeur du coach. 2) Cela confirme qu’en cas de défaite sur un match l’entraîneur est incompétent, périmé en 90 minutes. 3) Cela confirme que son long discours sur l’analyse profonde et technique sur laquelle se base la politique sportive n’existe absolument pas. 4) Cela confirme qu’à l’OL en 2019 on base absolument TOUT sur une croyance obscure qu’on peut appeler « la dictature du résultat ». 5) Cela confirme que les supporters, suiveurs, et journalistes qui critiquent le jeu et encore plus l’absence d’intérêt pour celui-ci, ont totalement raison dans leur lecture du club. 6) Cela confirme que dès lors, avec une simple place en finale (même pas un trophée !), Genesio pouvait exiger une prolongation avant même de savoir si l’OL finira sur le podium?! Enième contradiction usante du soir (qui est prouvée par la bourde du site internet).

7) Cela signifie que Genesio sera reconduit si l’OL termine 3e ? 2e ? ou pas … On n’est plus sûr de rien, sur ce point en tout cas.

Le doute est laissé, JMA vient de passer de dictateur fou à dictateur flou.

Mais il ne disparaît finalement pas sur cette pirouette et fournit quelques précisions pas franchement essentielles sur l’attitude de Bruno Genesio - toujours là, toujours muet, mine déconfite - autour de cette prévision de reconduction.

Malaises à répétition

JMA insiste lourdement sur la position de demandeur du coach, dépeinte d’une façon qui le fait apparaître chaque fois plus inférieur et soumis à son Président. Aulas nous explique que par bonté, il a accepté la requête du valet à qui il a accepté de proposer un deal et que par loyauté extrême il a tenu son engagement.

On a donc un Président de plus en plus désinvolte qui explique qu’une énorme perche a été tendue à ‘Bruno’ qui a mendié une prolongation généreuse de son contrat, mais que celui-ci n’a pas été foutu de la saisir, se vautrant ce soir en trébuchant sur une galette saucisse, et que la perche s’est retirée.

Pour revenir à l’issue concrète de la situation, le Président explique que son coach pourrait très bien refuser de lui-même une éventuelle future proposition de prolongation.

Mais alors quoi ? Quel est le véritable message ? Ne plus vouloir de Genesio ? Ou bien lui laisser une chance si 2e, si 3e ?

Le ton plus grave de JMA laisse penser que l’occasion est manquée et l’histoire terminée. Mais que faut-il retenir d’un discours de 15-20 minutes qui dit tout et son contraire et comporte une conclusion faite de rebondissements incessants. Les journalistes tenteront d’éclaircir les doutes par quelques questions mais Aulas ne sera pas plus précis sur ses souhaits.

Genesio prend la parole, confirmant le deal et expliquant dignement (tant que possible) que son cas personnel passe après les enjeux du club.

La conférence de presse la plus lunaire du siècle - de l’Histoire ? - prend fin. En somme L’OL continuera d’être la risée de la France du foot, et Genesio a fini de perdre le peu de crédibilité qui lui restait aux yeux du public, voire des joueurs (qui n’ont d’ailleurs pas donné l’impression de faire beaucoup d’efforts pour arracher la - double - prolongation en fin de match).

Hallucinante humiliation pour le coach, incroyable raté de comm’ pour Aulas, pour le club. Irrespect très mal placé envers les médias et le public. Bref, une sorte de feu d’artifice, un bouquet final de tout ce qui se passe à longueur de saison (depuis 3 ans maintenant) autour de l’OL.

Rien n’a de sens dans ce discours sans queue ni tête, parsemé d’erreurs et de boulettes. Toujours est-il que plusieurs interprétations restent donc possibles. On peut quand-même, après avoir assisté à la conférence de presse la plus indécente de l’ère Aulas (chapeau bas), difficilement imaginer une prolongation ; tant le fond est à vomir et la forme encore pire - ou l’inverse - .

Brave type ce Jean-Michel Aulas.


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