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Bravo Oliv! Et pas touche à David!

Dernière mise à jour : 6 juin 2020

35 buts, Olivier Giroud l’a fait, il dépasse David Trezeguet au classement des buteurs. Et la France reste championne du Monde de la mesquinerie.



 

La mode est-elle à la stat ? Sans doute. On sort des chiffres du matin au soir, sans tri, sans réflexion. On feint l’analyse, par facilité, pour multiplier les contenus et appâter, ou pire, pour manipuler.

Autre mode, ou phénomène de société, on cherche à dévaloriser l’autre sans cesse. « Bravo ! » Peut-on dire ce simple mot et s’en contenter ? Quel besoin avons-nous de dénigrer autrui pour embellir sa propre situation, ou ici de souligner un événement/un accomplissement (plus ou moins significatif selon le point de vue).

Visiblement l’arrivée de l’attaquant français sur le podium des meilleurs buteurs tricolores ne déroge pas à ces deux concepts.

D’une part, plutôt que de souligner simplement la performance symbolique et féliciter le joueur on veut à tout prix en faire un critère absolu qui gagerait de sa valeur de footballeur. La vérité par la stat, brute, est alors servie à tort et à travers comme une science précise, comme une leçon qu’on voudrait donner à ceux qui ne sont pas fans de Giroud. On se soucie d’eux plutôt que de célébrer l’événement, qu’on ramène aussitôt à un débat et une vision négative.

Du même coup, ceux qui sont réticents à la titularisation du buteur à la pointe des bleus mais qui sont prêts à saluer le 35e but sont invités à rappeler leurs arguments pour limiter la portée d’un message erroné qui veut que Giroud est l’un des tous meilleurs joueurs de l’Histoire des bleus. Depuis lundi soir et ce simple - mais symbolique - but, on entend, on lit des comparaisons qui ne tiennent pas. Pire, on cherche même à justifier que David Trezeguet était moins bon, moins important pour l’Equipe de France par le simple constat que 34 < 35.

De quel droit cherche-t-on à diminuer tout à coup ce qu’un autre joueur a fait pour notre sélection et ce qu’a été sa carrière ? Quel besoin ont-ils de dénigrer ? Est-ce une condition à leur pleine satisfaction ?

La valeur des choses

Je suis d’avis que les joueurs de l’Equipe de France (champions du Monde qui plus est) méritent reconnaissance, que le franchissement d’un pallier de ce type est à mettre en lumière, oui, et qu’il est tout aussi important - sinon plus - de toujours resituer dans son contexte chaque chose avec précision pour être appréciée à sa juste valeur et sans insulter l’Histoire, au moins.

Quelle est la valeur de ce nombre 35 s’il n’est accompagné de rien ? Ce nombre représente un total, d’accord, de buts, oui, mais encore ? Ce score n’est-il pas la mesure d’un travail fait dans la durée, un historique global, dans lequel on vient s’inscrire ?

David TREZEGUET Remettons les choses à leurs places.

Qui est David Trezeguet ? Né à Rouen (15 Octobre 1977) de parents argentins, il vit en Argentine à partir de l’âge de 2 ans jusqu’à ses 17 Printemps. Après un essai au PSG, il signe à Monaco où il rencontre Thierry Henry (même âge). Les deux se révéleront avec l’ASM et participeront à la Coupe du Monde 98, à 20 ans. Trezeguet s’impose à Monaco où il finit deux fois second meilleur buteur de D1 (98 et 2000). Il affiche des statistiques impressionnantes dans un championnat relevé et est un grand artisan du titre de 2000.

Bilan à Monaco (1995/2000) : D1 : 62 buts en 93 matchs C1 : 5 buts en 14 matchs C3 : 4 buts en 11 matchs (Equipe de France : 15 buts en 29 matchs)

Parti à la Juventus après avoir gagné l’Euro 2000 le joueur ne fléchira pas.

Bilan à la Juve (2000/2010) : Championnat : 137 buts en 245 matchs (Co-meilleur buteur lors du titre 2001/2002) C1 : 27 buts en 48 matchs C3 : 2 buts en 4 matchs (Equipe de France 19 buts en 42 matchs ; ratio 0,45) Aussi prolifique en Champions League qu’en Calcio (ratios respectifs : 0,56 et 0,55)

David Trezeguet qui est quelqu’un de droit, d’entier, était un joueur à fort caractère mais très réservé avec les médias. Ceux-ci ont eu tendance à parler pour lui, faisant état d’une mésentente avec Thierry Henry. Le franco argentin a dû intervenir pour contredire. Zidane parle d’une complicité flagrante entre les deux attaquants.

L’avant-centre a aussi été la cible de critiques certainement liées à son « déficit » d’exposition médiatique. On a voulu sans cesse l’opposer à Henry plutôt que d’allier les deux ! Raymond Domenech a construit son équipe autour d’Henry à partir de 2004 et Trezegol n’est plus apparu que 16 fois. Dernière sélection le 26/03/2008, il y a 11 ans et 1 jour, alors qu’il n’avait que 30 ans. S’en suivirent 2 compétitions (Euro 2008, Mondial 2010) où la France fut éliminée en poule n’inscrivant qu’un seul but dans chaque tournoi. Il parait qu’on ne pouvait pas associer Trezeguet et Henry dans un premier temps (dommage quand on voit son entente avec Del Piero) et qu'ensuite les deux étaient trop vieux pour jouer en 2010. L’équipe d’un sélectionneur qui préfère une composition avec 3 milieux défensifs plutôt que deux pointes offensives se retrouvera finalement bien muette devant le but.

Drôle de façon d’écarter un joueur qui a compté pour l’Equipe de France. Un joueur binational qui a choisi la France par amour pour Platini et la génération 86 alors que l’Argentine de Maradona était sacrée championne du Monde cette année-là.

Ce binational qui a offert de la tête un caviar pour le but en or contre le Paraguay en 98. Si « la lumière est venue de Laurent Blanc » n’oublions pas que l’interrupteur portait le numéro 20.

Un jeune joueur qui était le premier à lever la main pour aller tirer un tir au but en 1/4 contre l’Italie, et transformait sans trembler.

Ce même joueur qui plus aguerri arrachait les filets de Toldo en 2000 pour offrir l’Euro à une France qui devient la première nation à gagner l’Euro en tant que champion du Monde en titre.


Ne se détournant pas plus de ses responsabilités avec l’âge, on pourra toujours lui reprocher son tir au but heurtant la barre de Buffon en 2006. Cette même année où les deux joueurs ne quittèrent pas le navire d’une Juve rétrogradée et l’aideront à se relever pour regagner l’élite dès 2007.

Alors s’il s’agit aujourd’hui de dénigrer tout cela. S’il s’agit de réduire l’impact de ce joueur sur l’Equipe de France et l’ampleur de sa carrière dans le but de magnifier Olivier Giroud car 35 > 34 ; je crois qu’on touche au ridicule.

Soyez sérieux, ne mélangez pas tout. Laissez David et les autres là où ils sont allé se percher - très haut - . Soyez simplement capable enfin de dire sans « mais », ni exagération :

« Bravo Olivier !» .

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