En général Infantino dément avec le sourire, puis relance l'idée avant de redémentir, puis passe à l'acte avec un sourire dément.
On était prévenu dès Octobre 2018 ... « Nous avons décidé d’augmenter le nombre d’équipes participant à la Coupe du monde de 32 à 48 », rappelait Gianni Infantino lors du congrès annuel de la Confédération asiatique de football, réunie à Kuala Lumpur. « Cela prendra effet en 2026 (aux USA, Canada et Mexique). Cela arrivera-t-il en 2022 ? Vous me connaissez. C’est possible. C’est possible. Pourquoi pas ? » Nouveau coup de baguette magique de la FIFA acté. Coup double d'ailleurs, puisqu'elle nous annonce le passage à 48 équipes au lieu de 32 dès le Mondial 2022 au Qatar, mais aussi la création d'une Coupe du Monde des clubs, à 24 équipes ! Coup triple en fait, puisqu'on nous apprend également que le football féminin va enfin jouir de VAR Tout-Puissant lui aussi... L'égalité mes bien chères soeurs (et quel timming pour parler VAR), ainsi soit-il.
Le Mondial des clubs à 24
Je vais expédier ce sujet aussi bien défini pour l'instant qu'un plan du célèbre architecte Numérobis (à l'image finalement de cet empilement de compétitions que nous sert la FIFA).
Dès 2021 donc, 24 équipes s'affronteront (et ce tous les 4 ans à partir de là). A cette compétition participeraient (le conditionnel est de mise) les vainqueurs de la Champions League et de l'Europa League des 4 saisons précédentes. C'est à dire 8 équipes, dont feraient parties l'Atlético et le Real puisque tous deux vainqueurs en 2018. Voilà 1/3 des places attribuées de ce fait. Parmi les 16 tickets restants figureraient des représentants de tous les continents comme suit : - 6 pour la CONMEBOL (AmSud), 3 pour l'AFC (Asie), 3 pour la CAF (Afrique), 3 pour la CONCACAF (Amérique du Nord, Amérique Centrale et Caraïbes), 1 pour l'OFC (Océanie). Avec les 8 clubs européens, ces équipes seraient réparties dans 8 groupes de 3. Ce tournoi qui remplacera la Coupe des Confédérations ainsi que l'actuel Mondial des Clubs se déroulera sur 2 semaines et demie lors de l'intersaison. La première date serait du 17 Juin au 4 Juillet 2021. Real, Juve, City, Man Utd, PSG, et Bayern ont tous donné leur aval ) la FIFA. A notre grande surprise les cadors du foot semblent y trouver leur compte.
La Coupe du Monde à 48 nations La fameuse Coupe du Monde au Qatar. Bien trop de sujets polémiques, bien trop de raisons de s'émouvoir pour être exhaustif ici. Il faudrait 3 vidéos du génial blog de Didier Roustan pour en venir à bout. Liste des critiques : 1- Corruption lors des votes d'attribution et pressions (ex: changement du vote de Platini) 2- Tendance d'attribution aux USA perdue au profit du Qatar, entraînant le FIFAgate 3- Attribution au Qatar et problème du climat soulevé par la suite 4- Conditions d’esclaves sur les chantiers au Qatar 5- Passage à 48 nations 1- et 2- Je ne reviens donc pas sur les 2 premiers thèmes. 3- Rappelons juste que le dossier du Qatar remplissait tellement bien tous les critères qu'il a fallu s'affoler suite à l'attribution pour trouver une solution au climat lorsque les gens se sont posé des questions quant aux conditions de jeu et des joueurs. D'un air embêté Sepp Blatter évoquait d'abord des stades climatisés, puis la Coupe du Monde a été déplacée en Hiver (du 21 Novembre au 18 Décembre). Les grands clubs vont devoir être indemnisés et les négociations s'annoncent encore rudes.
4- En résumé pour ceux qui ne sauraient pas, les ouvriers (venus bien souvent d'Inde ou de la région d'Asie du Sud Est) meurent par milliers dans des travaux menés à grande vitesse (dès fin 2013 la Confédération Syndicale Internationale dénonçait le cas de 4000 ouvriers. Amnesty International a dû intervenir à nouveau en Septembre 2018 pour signaler et secourir des ouvriers souffrant d'impayés de plusieurs mois et du système dit de la "Kafala" qui interdit de changer d'employeur et de quitter le territoire. La FIFA a jugé bon de dénoncer le "rapport fallacieux" d'Amnesty International en 2018.
5- Coupe du Monde à 48 Dans cette situation, la FIFA attend du Qatar de construire encore plus de stades. Et comment recevoir autant d'équipes à héberger d'ailleurs ? Autant de supporters ? Le Qatar voulait déjà faire venir plus d'un million de visiteurs dans son pays peuplé par 2,5 millions d'habitants. L'organisation devra probablement être assurée par 2 ou 3 pays au final. Compte tenu de l'instabilité de la zone et des rapports houleux avec ses voisins, difficile de saisir où la FIFA veut en venir. Ou plutôt, trop facile, "business is business" là où 'enough' était 'enough'. De quoi regretter l'ère Blatter, c'est dire...
Le Public : ce pouvoir inutilisé
Dans ces calculs financiers et ces décisions prises par des personnages avides d'argent et de pouvoir, n'oublions pas que si le public se retire de l'équation alors rien n'est possible.
Tant que les gens, par amour aveugle du ballon ou par méprise de la situation restent devant leur télé ou dans leur tribune, la FIFA n'aura aucune raison de leur rendre.
Dernier argument en date, la FIFA dit "vouloir ouvrir le monde par le football".
Vous y croyez ? Sérieusement ?
Le constat d'Infantino qualifiant le dernier Mondial en Russie de "meilleure Coupe du Monde de l'Histoire" devrait vous mettre sur la voie quant à sa capacité à embellir grossièrement la réalité.
Cela dit le public (dans une large proportion semble-t-il) adhère au discours, se voile la face, ou pire, trouve des arguments positifs entre deux couleuvres avalées.
L'effet sur le Jeu
Revenons au Jeu, qui n'a rien demandé à personne !
- Augmenter le nombre de participants diminue mécaniquement le niveau moyen, puisque les équipes jusqu'ici qualifiées sont les meilleures. On ne peut donc qu'ajouter des sélections plus faibles.
Si l'on veut bien intégrer ce concept alors on peut passer à la suite.
- Certains diront : "Oui mais le foot c'est pour tous !" Pointant l'égoïsme supposé d'une élite qui ne laisserait pas participer.
Et les éliminatoires alors ?!? C'est le Mondial !
Est-ce que les recalés d'un concours d'études sont victimes de discrimination ?
- Pour finir, d'autres diront que c'est en forgeant qu'on devient forgeron (Gueugnon salut).
Premièrement la phase finale d'une compétition n'est pas un centre d'entraînement et si elle porte le nom de "Phase Finale" c'est bien pour quelque chose.
Ces "petites nations" ont le droit d'y accéder en se montrant meilleures que leurs voisines.
Ce n'est certainement pas en disputant éventuellement 3 matchs de Mondial tous les 4, 8, 12 ans que leur foot national s'embellira comme par magie.
Ce n'est pas en baissant les exigences à l'accession que l'on suscite l'effort.
Exemple de l'Amérique du Sud:
Depuis 2002 et l'augmentation du nombre de qualifiés pour la zone CONMEBOL (1 barragiste de plus pour porter à 5 le nombre de places qualificatives soit 50% du continent), l'Am Sud n'a plus jamais gagné la compétition (4 éditions).
Pire, seule une participation à la finale est à recenser, Argentine 2014, ce même tournoi où les équipes ont brillé sur leur sol mais qui fait vraie figure d'exception depuis 2002.
Rappelons qu'en 2002 l'Amérique du Sud restait sur 9 victoires en 17 éditions, donc plus d'une sur 2 (9 sur 21 aujourd'hui).
Une bien meilleure réforme semblerait de maintenir la compétition à 32 nations mais de mieux équilibrer le nombre de représentants par continent, non ?
Au public de continuer à travailler pour la FIFA en lui fournissant des excuses et en continuant de donner son argent qu'importe la qualité - et le respect qu'on lui porte quelque part - ; ou bien d'exiger un maintien des valeurs - et de la valeur - dans des compétitions et un football qui a du sens.
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