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Sale temps pour le corporatisme et l’immobilisme

Dernière mise à jour : 6 juin 2020

Je ne sais pas pourquoi le football français a décrété un jour que la qualité était française en matière de coach. Nous avons fêté hier 26 Mai, l’anniversaire de l’unique victoire du pays en Ligue des Champions, il y a 26 ans. Sacrée performance, sacrée preuve de recette efficace. Sans oublier que le coach était belge.


 

D’abord, je n’ai rien contre le conservatisme s’il est réfléchi et pas décrété par simple opinion. Je pars du principe que toute vision des choses est recevable si elle s’appuie sur une analyse honnête. C’est tout le problème de nombreux personnages du football français et autres journalistes qui diffusent des avis personnels présentés comme des vérités.

Nos médias débordent de mauvaise foi et de connivence en temps normal, mais la vitesse supérieure est bien souvent passée lorsque les événements ne sont pas favorables à la pensée de ces experts.

Ainsi le retour de Juninho, l’arrivée de Sylvinho et l’éventuel contrat proposé à Heinze par l’OM sont évidemment soumis à des commentaires qui ne dérogent pas à la règle.

Dans ce contexte on a l’amer plaisir de voir le volcan du corporatisme entrer en éruption. Une allergie au changement - ou à l’étranger ? - qui pousse cet espèce d’Ordre des Gardiens de…on ne sait quoi, à intervenir avec véhémence.

Les attitudes sont représentatives des méthodes, et on observe Raymond Domenech insulter les supporters lyonnais à propos de Genesio.

« J’ai envie de dire à tous les hypocrites qu’ils avaient une chance exceptionnelle d’avoir un coach issu du club, un vrai enfant de l’OL. Aulas l’a défendu jusqu’au bout mais il n’a finalement pas pu faire face à cette bande de… » Des hypocrites donc, qui eux n’oublient pas que Rémi Garde, « enfant de l’OL », a été le coach du club récemment, qu’il a remporté une Coupe de France et que son rapport avec les supporters était très bon. Domenech aurait-il oublié le passage de son ancien capitaine ? Foutue amnésie ! Celui qui rappelait deux mois plus tôt (à la veille de ce qui devait être une prolongation de Genesio) que les supporters n’avaient aucune incidence ni revendication à exprimer quant au choix du coach, semble avoir une appréciation qui varie selon son intérêt. Finalement, pourquoi ne pas directement insulter Jean-Michel Aulas qui partage la même vision que les supporters ? Remarquez que dans les deux cas, l’ancien sélectionneur et actuel président de l’UNECATEF est incapable d'éliminer les insultes de son langage, qualifiant ce soir-là les supporters de « malades mentaux » sur le plateau de L’Equipe du Soir. Seul Didier Roustan s’était alors étonné d’une telle agressivité. Extrait vidéo : https://twitter.com/Msila28_/status/1087138276807458816 « Parce qu’on n’a pas le droit ». Tout est dit… les supporters n’ont pas de droit pour ce personnage. Sylvinho, n’est pas le bienvenu, car né trop loin du siège du club. A moins que son expérience supérieure à celle de Genesio lors de son intronisation soit tout à coup un critère d’inaptitude. Là où les plus grands soutiens de Genesio voulaient lui accorder un temps illimité pour réussir, ils semblent aujourd’hui bien pressés pour juger un coach qu’ils ne connaissent pas, et avant même sa prise de fonction.

On aurait pu penser que ces protecteurs du corporatisme accueilleraient avec enthousiasme un retour de Juninho, joueur qui a compté pour le club et la Ligue 1. En fait si certains sont trop choqués par l’arrivée de Sylvinho pour réagir à celle du directeur sportif, d’autres trouvent le moyen d’être réticents à cette idée. Paul Le Guen, ancien coach de Juninho, trouve utile d’exprimer son scepticisme. Son ancien capitaine ne bénéficiera pas de la bienveillance accordée à Genesio, qu’il le sache.

Jean-Michel Aulas a indiqué avoir donné le pouvoir à Juninho, qui a disposé du choix du coach. Les avis positifs se cumulent concernant Sylvinho, lui qui était adjoint de Tite en seleçao est décrit comme un homme d’une grande valeur humaine, fin tacticien, et adepte du jeu offensif.

Roberto Mancini l’évoque en ces termes : « C'est un bon entraîneur et une belle personne, il connaît vraiment bien le football [] Moi, je suis certain qu'il est prêt. Il va réaliser de belles choses. Lorsqu'il était à l'Inter, avec moi, il faisait absolument tout […] Ce qui m'a le plus marqué, c'est qu'il est tactiquement très préparé. Il optera pour un jeu offensif. » La première opération réalisée par Juninho le Directeur Sportif ne semble pas être dénuée de sens. Alors que les deux brésiliens viennent aujourd’hui de visiter les installations de l’OL, nous verrons bien comment se déroule le mercato dans un premier temps puis le jeu lors de la saison prochaine.

En parallèle, nous verrons aussi comment se comportent ceux qui ont déjà choisi à l’heure qu’il est de s’ériger en détracteurs du nouveau duo.

Sylvinho bénéficiera-t-il de l’imparable « défense Garétier » digne de la fameuse « Défense Chewbacca » de South Park ? Ou plutôt de celle de maître Trolos de "9 mois fermes" de Dupontel.

A moins que ce savoir-faire ne soit réservé aux entraîneurs français ? A priori oui, puisque Heinze est attaqué sur le fait qu’il n’a jamais entraîné en France, « avoir joué n’est pas suffisant ». Extrait vidéo de l'émission : https://twitter.com/LateFootClub/status/1131305784506290176 Entouré d’intervenants honnêtes cette fois les mensonges sont plus difficiles à imposer que seul face à une caméra. Notamment pour Stéphan qui se retrouve tout à coup avec un passé d’adjoint à Rennes. Il est regrettable de constater qu’on laisse malgré tout la liberté aux hommes des médias de déguiser la vérité au nom de leur idéologie personnelle. Les aberrations du genre sont trop peu souvent contestées en plateau et c’est la culture foot du pays qui en pâtit directement. Certainement que les diffuseurs sont prêts à la sacrifier au nom du ‘buzz’, dans ce cas mieux vaut se tourner vers des médias alternatifs pour trouver une retranscription honnête du football et j’y reviendrai prochainement.

Je faisais allusion précédemment à cette idéologie qui m’échappe - sincère ou prétendue par intérêt ? -, qui veut que la France se protège contre l’entraîneur étranger, comme s’il s’agissait d’une menace. Une menace pour…quoi en fait ? Le niveau du championnat peut-être ? Soyons sérieux… D’une part avec notre unique victoire en Champions League nous sommes la risée des ‘grands championnats’ (club auquel on feint encore d’appartenir soit dit en passant), et d’autre part les chiffres démontrent une baisse de niveau accablante depuis 8 saisons. Mais certains jurent qu’il n’y a rien à changer.

Ou bien une menace pour une tradition ancestrale alors ? Une sorte de mémoire incarnée par les coachs qu’il faudrait honorer jusqu’à l’infini ? Si les Batteux, Snella, Herbin, Leduc, Arribas, Suaudeau ont marqué l’Histoire, n’oublions pas qu’il y avait les Carniglia, Pépi Humpal, Michlowski-Witkowski, Artigas, Kovacs… N’oublions pas non plus que parmi les 10 premiers coachs champions en France, 4 seulement étaient français :

1- Robert De Veen, Belge 2- René Dedieu, Français 3- Conrad Ross, Uruguayen 4- George Kimpton, Anglais 5- József Eisenhoffer, Hongrois 6- Jean Marmiès, Français 7- George Berry, Anglais 8- Charles Demeillez, Français 9- Giuseppe Zilizzi, Italo-Hongrois 10- Henri Roessler, Français

Pourquoi avoir décrété subitement que les clubs français doivent être entrainés par des français, quitte à primer sur la compétence ? Quelle autre raison que le corporatisme ? La différence de traitement permanente démontre bien cela. Ainsi on a évoqué une possible interdiction d’entraîner pour Claudio Ranieri lors de son arrivée à Nantes (2017) car dépassant l’âge maximum de 65 ans, alors que Guy Roux du haut de ses 68 ans avait pu sans problème entraîner le RC Lens (2007).

Drôle de comportement pour un championnat dont les 'talents' qui en sont issus ne cessent de souligner que le niveau d’exigence est supérieur à l’étranger, notamment concernant l’intensité des entraînements. Voilà qui a de quoi décrédibiliser sérieusement cet ‘Ordre des Gardiens de …' la nullité finalement.

Pour l’heure, les amoureux de foot peuvent se réjouir de cette espèce de sursaut dont va visiblement bénéficier la Ligue 1. Jean-Michel Aulas a franchi un cap en restructurant son club, en délégant enfin la politique sportive, et en recrutant le premier coach étranger de l’OL. L’OM réfléchit au meilleur choix de coach afin de redresser la barre, et que le jeu puisse refléter l’ambition de Frank McCourt. Après Gabriel Heinze c’est André Villas Boas qui est envisagé. Enfin, Paris semble être sur le point de faire revenir au club l’homme qui avait assuré très vite la réussite du projet de QSI et dont l’absence coïncide avec une réelle régression du PSG dans son fonctionnement ; Leonardo.

N’en déplaise aux grincheux, qui défendaient coûte que coûte Genesio ou Garcia tout en attaquant bassement Emery ou Bielsa, nos clubs phares semblent désormais prêts à faire de la qualité, de l’ambition, et de l’exigence des critères de sélection prioritaires à la simple nationalité.

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