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Transfert de Neymar : anti-diplomatie brésilienne ?

Dernière mise à jour : 22 août 2019

Neymar s’en va-t-il ? Reste-t-il ? Un nouveau round de ‘se queda ?’, ‘se queda pas?’. C’est une question qui pèse, c’est une question qui brûle, savoir quel maillot le prodige revêtira en Août. Mais à côté de ça il y a le reste… et le reste est énorme.


 

Un transfert peut-être anodin. On remplace un bon buteur par un autre, ou bien le calcul se limite à céder son meilleur milieu pour améliorer la qualité à un autre poste, etc…

Il existe des transferts autrement plus symboliques, et celui de Neymar est évidemment de ceux-ci. Le brésilien incarne d’ailleurs à lui seul plusieurs symboles à Paris, et on ne traite pas le cas Neymar comme n’importe quel autre transfert. A plus forte raison lorsque le potentiel acheteur est le club de provenance - et vendeur forcé - du dernier transfert.

Un transfert au contexte particulier

Le retour du magicien : A la baguette, le brésilien providentiel, et Nasser en retrait ? Le président a annoncé que le club allait passer en mode ‘sévère’… L’aveu d’échec est total mais mieux vaut réagir tard que jamais... De plus il a été souligné que le président prendra du recul, et il ne fait nul doute que si Leonardo revient c’est avec une garantie de pouvoir.

L’objectif décrit par Nasser comme étant le sien, ressemble fort à la volonté propre de Leonardo, à sa conviction, la même dont il a fait preuve au début de l’ère QSI. Est-ce une façon de dissimuler le pouvoir de Leonardo ou bien de couvrir le nouveau Directeur Sportif pour estomper le côté agressif de sa mission en interne ? Le fait est que Leonardo revient avec le statut de l’homme qui sait faire fonctionner la machine, et qu’il porte aussi la casquette de l’autorité.

L’objectif : Dans l’immédiat, il faut réparer ce qui a été défait dans son absence. Il va falloir commencer par l’interne, faire passer des messages et faire respecter des consignes plus strictes. Il va falloir réorganiser une hiérarchie plus nette dans l’effectif, qui passera probablement par des départs de joueurs et l’arrivée de profils plus complémentaires.

Or, il ne s’agit plus de démarrer un projet, mais de gérer un club du Top 10 européen, avec ses stars, et surtout…un coach en place.

La mission qu’on a confiée à Leonardo aurait été plus simple à mener s’il avait disposé du choix de l’entraîneur qui conviendra à sa vision et aux joueurs qui rentrent dans les cases dessinées par le nouveau Directeur Sportif. Outre cet aspect, il faudra donc que les recrues collent au système et à philosophie de Tuchel.

Je pensais que Thomas Tuchel ferait peut-être les frais de ce rebondissement. Ca ne sera visiblement pas le cas. Leonardo va jusqu’à dire que c’est le coach allemand qui détient le pouvoir. On n’est pas forcé de le croire, mais la volonté de bien faire ensemble est probablement réelle. Leonardo a bien dû constater lui aussi que l’impatience des dirigeants n’a jamais rien amené de bon depuis 2011 (le départ d’Ancelotti, la prolongation hâtive de Blanc, et le départ d’Emery). Miser sur la continuité avec Tuchel n’est peut-être pas une mauvaise solution, en revanche il faut que le mariage prenne, compte tenu des critères déjà expliqués. Dans le cas contraire, Tuchel serait aussitôt en danger.

Reste à savoir si dans ce genre de cas l’entraîneur se sent tout à fait libre, et continue d’avancer en pleine possession de ses moyens en faisant abstraction des risques, ou bien s’il fonctionne déjà à contre nature avec l’objectif de sauver sa place.

L’image actuelle du PSG : Un club nouveau riche, parti à l’assaut des cadors européens pour remporter la C1. Voilà comment résumer le projet du PSG version Qatar. En revanche, s’il s’en est approché, l’objectif semble bien s’éloigner depuis quelques années, restant un doux rêve. Dans sa position fragilisée, (d’infériorité presque assumée en ne réagissant pas très vivement suite au traitement arbitral lors de la remontada), le PSG est doublement passé pour un loser. Bien conscient de cela et face à l’injustice il a voulu combler son déficit d’image (aux yeux des instances et du Monde du foot) en frappant très fort sur le mercato. Le message était puissant et net : « nous pouvons acheter qui nous voulons » D’abord Neymar, le Barça tapait directement dans l’effectif de son bourreau, en le prenant à son propre jeu des clauses libératoires. La leçon était donnée. Et ensuite Mbappé, chipé au nez et à la barbe du grand Real champion d’Europe. Le PSG défiait les plus grands et sortait vainqueur du mercato, pour passer dans un autre Monde.

Neymar et Mbappé, voilà le PSG avec un des 3 plus grands joueurs du Monde, et un prodige qui en fera sûrement partie à l’avenir. Le Qatar est loin d’avoir réglé tous ses problèmes mais ces deux-là sont garants à la fois du niveau de jeu, du spectacle et du prestige pour le marketing (sans oublier que le trio est complété par Cavani).

Malgré tout, le PSG continue de buter sur les 1/8 de C1, une fois contre un Real qui a été bougé sur son terrain à l’aller, et une fois contre Manchester United dans un match assez inexplicable.

Le cas Neymar (puisqu’il y a un cas Neymar) Le fait est que Paris n’a pas réussi, mais donc sans Neymar, puisque blessé les deux fois. Et dans le seul match où il a été présent sur les deux doubles confrontations, il a été brillant et le PSG a bien cru s’imposer à Santiago Bernabeu.

D’abord resituons bien le statut du joueur. Quand on prend Neymar, à une somme folle, c’est pour en faire sa star, celle qui vaut l’investissement. C’est le chemin le plus court pour rendre à Paris son image perdue. Tout top club a besoin d’une figure à part, dont l’image est associé au club. Le Real de Ronlado, le Barça de Messi, le Bayern de Lewandowski, le…PSG de Zlatan (n’est-ce pas ?).

Depuis Zlatan le PSG n’avait plus sa figure atypique au rayonnement universel, c’est chose faite. Il faut une certaine forme d’exubérance à Paris et la qualité d’un homme qui peut faire pencher un résultat dans le bon sens. A la différence de Zlatan, ce n’est pas lui qui apportera l’ordre dans le vestiaire (mais ça c’est une autre histoire), en revanche Neymar est d’autant plus décisif. On parle d’ailleurs de l’homme de la fameuse remontada, celui qui a porté le Barça en fin de match et réalisé l’exploit presque à lui tout seul. Ce pouvoir est très rare.

Des joueurs aux talents aussi à part ont forcément des comportements eux aussi à part, et on les incite à cela (rappel de la Tour Eiffel aux couleurs du PSG et affichant le nom du joueur à son arrivée au club…). Dans sa façon de négocier son salaire, sa prolongation, et avec les intermédiaires qui gravitent autour, les choses ne seront jamais simples. Côté parisien, on ne doit forcément rien découvrir en 2019 si on s’est renseigné sur le passé du joueur, et si on a souvenir qu’il a signé à Paris après avoir fait languir son club catalan dont ses coéquipiers étaient persuadés qu’il resterait « se queda ». De toute évidence, on est face à un joueur qui n’a aucun scrupule à jouer avec les nerfs des clubs et des fans. Le but ultime est d’être très bien payé à chaque sortie de mercato (qu’il s’agisse d’un transfert ou d’une prolongation).

Le transfert, mais de qui ? La menace planait assez tôt dans la saison, du moins le jeu de la menace. Un Neymar blessé avait tout le loisir d’aller et venir et d’utiliser tous les médias possibles pour s’exprimer sur une situation qu’il désirait rendre floue. Voilà qu’il parlait du Real Madrid comme d’une destination rêvée. Puis c’était à Florentino Perez - euphorique lors du retour de son homme providentiel à lui, Zidane - de lancer la rumeur en répondant avec aplomb à un journaliste que Neymar ainsi que Mbappé étaient des cibles de la Casa Blanca. Voilà qui animait la fin de saison et lançait déjà le mercato.

Neymar ne semblait pas vraiment rentrer dans les plans de Zidane, alors que Mbappé beaucoup plus, on le sait, plait à l’entraîneur français. Patatra, alors qu’on faisait mine d’oublier ces sujets, laissés à plus tard, c’est de Mbappé que surgit cette fois la menace. L’attaquant déclare l’air de rien en pleine cérémonie des trophées UNFP qu’il envisage un départ. Tout le Monde se tourne vers le Real Madrid. Et on ne peut s’empêcher de se rappeler que quelques années avant, c’est pendant la même cérémonie que Carlo Ancelotti annonçait son intention de quitter le club parisien (pour finir au Real). Décidemment, le club n’échappe toujours pas aux bombes médiatiques de ce genre.

Catastrophe, on envisageait avec douleur un potentiel transfert de Neymar compte tenu de son attitude, et maintenant c’est Mbappé qui risque d’échapper au PSG. Courant Juin, le Qatar fera des pieds et des mains pour assurer que Mbappé ne partira pas, et on parlera d’un pacte de non-agression qu’aurait accepté Perez (on ne dit pas dans quel intérêt pour Perez mais admettons…). Et on se veut rassurant concernant le cas Neymar également.

Puis vient la piste barcelonaise que l’on n’attendait plus. Celle-ci prend de l’ampleur, et on commence à se demander si le calcul n’est pas risqué de vouloir garder les deux joyaux à tout prix. Il va falloir être habile en tout cas, car Mbappé réclamait déjà plus de responsabilité et plus de ‘reconnaissance’ à Paris (autrement dit être mieux considéré vis-à-vis de Neymar). La bataille d’égo a commencé, et d’une part satisfaire Neymar irait à l’encontre des exigences de Mbappé, alors que d’autre part Neymar, la star venue pour briller loin de l’ombre de Messi, aura sûrement du mal à concéder ses avantages à Mbappé (tels que la responsabilité des penlaties par exemple etc…). Dès lors on peut se demander si le meilleur calcul n’est pas de vendre Neymar pour conserver Mbappé. La situation semble en tout cas mener à un choix, et pour le faire, on peut considérer que l’âge de Neymar, plus son attitude complexe ainsi que ses soucis de blessures peuvent faire pencher la balance pour conserver la jeune pépite française.

Cela dit rien n’est encore obligatoire, mais c’est au PSG de savoir sonder le degré de danger de perdre dans un premier temps celui que l’on souhaite le plus conserver, et dans un second temps les deux joueurs.

Si les choses étaient si simples… Achtung ! (non Tuchel n’y est pour rien), mais il n’y a pas que ça. Ne perdons pas de vue une chose essentielle qui est : l’image du PSG, et non plus une seconde chose qui est : l’identité de l’acheteur. Perdre Neymar, en terme de niveau de joueur c’est forcément une mauvaise opération par définition. A moins de le remplacer par Ronaldo ou Messi. Mais perdre Neymar, au profit du FC Barcelone, celui-là même à qui on a voulu donner la leçon… quel échec ! Et quel retour en arrière… En résumé le PSG aura payé un joueur très cher, qui n’aura pas participé aux matchs majeurs. Le club n’aura pas rempli ses objectifs, et recédera 2 ans plus tard le joueur à son club de provenance (il ne manquerait plus que le Barça élimine le PSG avec un but de Neymar la saison suivante).

Neymar veut partir, personne ne semble avoir l’argent sauf le Barça (et le Real mais qui ne semble pas preneur). Comment se tirer de là ? Heureusement Zorro est arrivé.


La mission de Leo Voilà le premier dilemme auquel fait face Leo le vif. L’épineux dossier Neymar c’est un sacré morceau pour renouer avec Paris. Comment ne pas être jugé comme responsable d’une situation qui risque de s’envenimer et conduire à la perte du joueur, et comment sauver la face de l’institution PSG en cas de départ au Barça. Boum, rebondissement, dès le premier jour, Neymar sèche la reprise. Voilà qui fragilise la position du joueur vis-à-vis des fans, et des observateurs. Leonardo en bon père fouettard réagit très vite et le PSG communique sur le mauvais comportement du joueur et son exposition à des sanctions. Seulement, on apprendra plus tard que cette absence avait été autorisée de longue date par le club pour que Neymar participe à un événement avec sa fondation. La version officielle veut que Leonardo ait informé Neymar que l’accord ne tenait plus sous sa direction, et que tous les joueurs devaient respecter la date de reprise. On peut aussi trouver commode, de modifier l’accord de longue date, alors que le joueur a fait clairement savoir qu’il souhaitait quitter le club.

Dans cette mesure un PSG passif, spectateur du choix du joueur devient actif, et décideur de sanctions, voire même d’éviction d’un joueur insolent. Il est évidemment possible que le Barça ait tout bonnement demandé à l’attaquant d’aller à l’encontre de la consigne de son club (comme l’ont écrit plusieurs médias), mais la permission d’absence préalable existait bien.

Les règles changent en tout cas avec Leonardo, ça c’est une certitude et avec un tel événement il fait d’une pierre deux coups, en faisant du cas Neymar un exemple hautement symbolique. Aucun passe-droit, tout le monde au pas, voici le nouveau Paris, en route vers les sommets.

Sans Neymar ? S’il faut s’y résoudre mieux vaut donner l’impression de mener la danse non ? Et on parle d’une danse à trois, avec le joueur mais aussi le Barça. Comment mener la danse avec le Barça ? Il s’agit là de la fameuse image du PSG, tributaire jusqu’ici de la présence de Neymar et Mbappé.

Leonardo l’homme qui tombe à pic, présent pour appliquer un silencieux sur un transfert qui sent la poudre. Deux critères seront jugés suite à ce transfert : à quel prix le Barça récupérera-t-il ‘son’ joueur ? Quel visage aura l’effectif du PSG suite à ce transfert ?

On peut estimer que la solution A pour compenser la perte d’un tel joueur, condamne le PSG à signer un joueur du quasi-même calibre. Dans ce cas, quels joueurs s’approchent-ils du top 3 Mondial ? A priori, Mbappé, et… Griezmann. Non ? Manque de bol, Griezmann vient de filer chez le même Barça. On aurait pu se poser la question d’une compatibilité Griezmann – Mbappé, mais ça ne sera pas nécessaire (et c’est bien dommage pour l’Equipe de France).

A partir de là, difficile d’imaginer qui sur le marché aurait l’étoffe pour venir remplacer seul un Neymar. Reste donc la solution B, récupérer l’argent investi lors de l’acquisition du joueur, et remettre en quelque sorte les compteurs à zéro. Aucun perdant, et un PSG qui se retrouverait en position de faire un beau mercato, avec enfin une marge du point de vue du Fair-Play Financier.

Dans cette hypothèse il s’agirait de recruter des joueurs moins exceptionnels mais complémentaires. La Juventus de l’après Zidane en quelque sorte, et certainement pas le Real de l’après Ronaldo la saison passée.

Oui mais voilà, comment le Barça peut-il financer les deux transferts de Griezmann et Neymar (sans oublier la masse salariale déjà exorbitante, ni la grosse prime à la signature pour un joueur qui a des dettes envers le fisc espagnol).

Des échanges ? Le Barça propose directement, d’inclure Coutinho et Rakitic dans la transaction. Les deux catalans ne sortent pas d’une grande saison, c’est le moins qu’on puisse dire, et Coutinho n’a jamais réussi à s’imposer à Barcelone. Cela dit j’accorderais davantage de confiance à Coutinho qui est capable de briller avec le Brésil et qui a été un joueur brillant à Liverpool plutôt qu’à Rakitic âgé de 31 ans et qui semble régresser. Faut-il encore voir quelle somme propose la direction du Barça pour compléter le montant de la transaction. Dembélé a aussi été évoqué mais le joueur ne serait pas enclin à revenir en France.

Dans l’esprit, un échange (qui arrangerait bien le Barça) peut aussi être perçu comme une concession d’un PSG soumis à la volonté des Grands. Dans la position de Leonardo, il convient de montrer de la fermeté aussi bien avec son joueur qu’avec ses interlocuteurs extérieurs.

Je ne jouerai pas au Directeur Sportif, pour proposer un choix arrêté, ni un système avec 11 joueurs, sachant de plus que la complexité de la décision devra se résoudre entre Leonardo et Tuchel, mais puisqu'on me l'a déjà demandé on peut établir une liste de joueurs qui me semble correspondre à l’idée que Leonardo se fait de son nouveau PSG. Cette liste a pour but d’évoquer plusieurs possibilités et permettre à des supporters ou suiveurs d’évaluer l’intérêt ou non de transférer Neymar suivant les différentes perspectives.

Possibilité 1 : remplacer Neymar par un attaquant très réputé

- James (le profil semble parfait techniquement et d’un point de vue de la marge de progression, mais le danger que représente l’aspect disciplinaire semble trop risqué et incompatible avec le nouveau visage du PSG) - Sané - Coutinho ? (avec doute sur son niveau en panne) - Asensio (joueur à fort potentiel qui cohabite avec les grands)

Possibilité 2 : répartir l’argent de la vente sèche de Neymar sur plusieurs profils à toutes les lignes

Attaque : - Mandzukic (Paris a besoin de ce genre de joueurs de caractère) - Van de Beek (Paris a besoin de refaire des coups à la Pastore, Verratti) - Everton - Ben Yedder - Suso

Milieu : - Pjanic - Eriksen (les Spurs viennent toutefois de fixer un prix dissuasif) - Milinkovic Savic - Brozovic - Allan - Vecino

Défense : - Florenzi - Filipe Luis - Reguilon

En somme rien n’est simple avec Neymar, et évidemment que ce transfert ne déroge pas à la règle. Les enjeux sont bien supérieurs à une simple conservation ou perte d’un membre de l’effectif, puisqu’il incarne tant de symboles a priori nécessaires à un club comme le PSG, qui se développe et vise à s’installer dans le top 4 européen. Une fois considéré toutes ces choses et ayant bien assimilé la problématique de Leonardo, peut-être bien que la marque des grands c’est de savoir trancher. Ce qui pourrait être un coup dur deviendrait alors un vrai levier pour instaurer une nouvelle ère. Peut-être que Neymar sera ‘chassé’ par Leonardo, et peut-être que Coutinho sera ‘chassé’ par Neymar. Et si tout est fait intelligemment à partir de là, au nom de la cohésion, de l’implication et de la gagne, alors rien ne nous dit que sans Neymar la fête ne sera pas plus folle. La seule certitude jusqu'ici c'est que le numéro 10 joue tellement avec les médias que ses déclarations ne laissent plus aucune place à de bons rapports entre lui et le public parisien.

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