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Un maillot céleste et forcément... une histoire d’étoiles.

Dernière mise à jour : 6 juin 2020

La Celeste, la mythique sélection uruguayenne, celle d’un petit pays coincé entre deux géants (Brésil et Argentine), celle d’un peuple de 3,3 M d’habitants, celle qui traverse le temps avec ses valeurs si profondes, et son maillot qui en est le parfait témoin.


 

La Celeste c’est un état d’esprit.

On ne vient pas en sélection avec légèreté, on embrasse un maillot encore sacré qui vaut plus que l’individu qui le porte.

Dans le vestiaire de la Celeste, on écoute, on transmet, on accepte. C’est l’ancien qui contrôle, qu’il s’appelle Lugano ou Godin l’ordre est naturel, et on connait l’Histoire. Tout repose sur la continuité et le respect de celui qui a fait. Ainsi on confie les rennes au même guide depuis 2006, Oscar Tabarez (qui avait déjà été sélectionneur de 1988 à 1990). Sur le terrain on ne lâche rien, on se doit d’être fidèle à l’esprit d’une tradition qui dépasse le foot, faite d’orgueil et de courage, la Garra. Cette persévérance aura marqué les esprits en 2010, quitte à en choquer certains. La survie de l’équipe lors du Mondial sud-africain passe par la main (pas de Dieu) mais de Suarez.

Pour ceux qui ne sauraient pas, revenons quelques secondes sur ce 1/4 de finale. A la 120’ alors qu’il y a un but partout et qu’un tir ghanéen va éliminer la Celeste, Luis Suarez placé sur sa ligne vient suppléer son gardien battu et repousser le ballon des deux mains. Ici contrairement à Diego Maradona en 1986, l’arbitre sanctionne, et Suarez est expulsé. Asamoah Gyan manque le penalty (barre), ce qui laisse une chance que ne laissera pas passer l’Uruguay aux tirs aux buts pour filer en 1/2 finale.

On peut s’offusquer du geste de Suarez, on peut aussi souligner qu’il n’y a eu aucune triche. Ce qui nous intéresse ici, c’est le sens du sacrifice et surtout de l’opportunisme. Avec un tel geste, aussi évident, le joueur savait qu’il écoperait du carton rouge. Il savait surtout que s’il ne le faisait pas son équipe rentrait à la maison. Aucune hésitation, tant qu’il y a une solution, on l’exploite.

Et c’est là que nous en viendrons au maillot.

La tunique bleue

La Celeste arbore un maillot bleu, incroyable… Non en effet au-delà de sa couleur (ciel ou blanc), le maillot uruguayen nous raconte bien plus, et ça se passe dans son logo (mais pas toujours).

Nous y sommes, c’est le moment où nous plongeons la tête dans les étoiles. Régulièrement, on en vient à reposer une question : pourquoi ces foutus uruguayens se pavanent-ils avec 4 étoiles sur leur tunique ? Du moins c’est ce que se demandent les initiés qui savent que les sud-américains ont remporté 2 Coupes du Monde (1930 et 1950) et pas 4 ! L’origine : Comme je vous l’ai dit, la Celeste c’est l’Histoire, c’est le respect du passé, et c’est la hantise du gaspillage. Une étoile pour 1950 et le Maracanazo :

Une étoile pour 1930, et la toute première édition de la Coupe du Monde de la FIFA :

Et deux étoiles qui viennent d’avant ! Avant quoi ? Avant le début ? Hé bien oui… Avant la toute première Coupe du Monde de la FIFA, l’Uruguay a remporté les JO 1924 et 1928.

Et alors quoi ? L’Uruguay nous collerait deux étoiles de plus en décrétant de son propre chef que les JO ont la même valeur qu’un Mondial ? Non. Rappelez-vous, je vous ai dit que l’Uruguay c’est le sens de l’opportunisme, mais certainement pas de triche ici non plus. Les théories :

On entend parfois des versions qui veulent que la Celeste profite des largesses du règlement de la FIFA pour se permettre une originalité. En 2018 lors du Mondial en Russie, alors que son maillot exhibait fièrement 4 étoiles brodées, on pouvait carrément lire dans un célèbre média français que les 4 symboles étaient divisés par deux teintes différentes, ce qui rendrait la FIFA impuissante. Quelle imagination… pure invention du média. Jugez par vous-mêmes :

Une des versions les plus répandues est que la présence des 4 étoiles est tolérée tant qu’elles sont intégrées dans le contour du logo, et non brodées au-dessus. On partirait du principe qu’il est interdit à l’Uruguay de broder plus de 2 étoiles, et que les étoiles qui figurent directement dans l’écusson n’ont pas la même portée. Pourtant l’Italie par exemple utilise le même procédé. De Toto Schillaci à Super Mario pourquoi se priver d’étoiles qui seraient ‘plus officielles’?

En fait, là non plus la théorie n’est pas bonne, mais on y croit dur comme fer semble-t-il puisqu’on semble ‘redécouvrir’ l’histoire des 4 étoiles de la Celeste dès que celles-ci sont brodées…

En fait les étoiles sont présentes depuis longtemps, et pas toujours dans l’écusson.

Historiquement on ne jouait pas avec cette distinction, et les maillots étaient les plus épurés possibles : (1950 / 1966)

Ensuite est apparu l’écusson, la revendication de la Fédération :

(1974 / 1987 / 1990)

Et c’est dès les années 90 qu’on découvre les 4 étoiles brodées :

(1993 / 1995)

Dans les années 2000 on alternera entre bordées, ou intégrées dans l’écusson : (2002 / 2005 / 2007)

Dans les années 2010 on adoptera la version ‘intégrées’ pour toutes les compétitions : (2010, 2011, 2014, 2015, 2016)

Avant de repasser à la fameuse version ‘étoiles brodées’ de 2018 qui a tant contrarié les amnésiques.

En 2019, pour cette Copa América qui s’achève tout juste, vous avez pu apprécier de nouveau les étoiles brodées

L’explication :

La forme d’apparition des étoiles n’a rien à voir avec la légitimité. Retenez juste ceci : Une sélection a le droit d’afficher autant d’étoiles sur son maillot que le nombre de fois qu’elle a été sacrée ‘championne du Monde de football’ par la FIFA.

Et la subtilité vient de là et de nulle part ailleurs. Pour comprendre il faut remonter à l’année 1920, ou plutôt 1904, car c’est dès la création de la FIFA que l’organisation souhaite organiser un tournoi des sélections nationales. L’idée initiale a été proposée par Robert Guérin, représentant de la France à la FIFA, et il était déjà question d’une périodicité de 4 ans. Seulement, la FIFA n’était pas encore assez solide pour organiser un événement d’une si grande ampleur. Nous revoilà en 1920, là où tout s’explique, à Anvers. Après avoir au fil des congrès et des années établis les contours d’un format et des règles de ce qu’elle veut appeler la ‘Coupe du Monde’ la FIFA dirigée par Jules Rimet fait appel au CIO pour organiser conjointement la compétition. Toujours pas assez solide pour assumer seule sa ‘Coupe du Monde’, la FIFA demande de bien vouloir adopter son modèle de tournoi pour la discipline du football aux JO. Le CIO accepte une co-organisation à partir de l’édition suivante, Paris 1924. Il est ainsi définit que le vainqueur aura le titre de ‘Champion du Monde de football’. L’Uruguay est donc champion. En 1928, l’expérience est renouvelée, et c’est encore la Cesleste qui est sacrée championne du Monde de football par la FIFA et le CIO à Amsterdam.

Deux années plus tard, la FIFA peut enfin lancer son projet en le dirigeant seule. La Coupe du Monde est née, et on l’organise d’ailleurs chez le champion du Monde en titre. L’Uruguay signe une 3e victoire consécutive ! Premier vainqueur de la Coupe du Monde, mais triple champion du Monde, la voilà la nuance. La FIFA n’a ensuite plus collaboré avec le CIO, voilà pourquoi vous ne verrez aucune autre nation rajouter une étoile pour avoir remporté les JO.

En 1950, au Maracanã, les charruas remporteront leur 4e ‘tournoi des sélections nationales’ organisé par la FIFA, et obtiendront leur 4e titre de ‘Champions du Monde’.

Seuls 2 des 4 tournois remportés s’appellent ‘Coupe du Monde’ mais les 4 ont bien été organisés par la FIFA. Et comme le dit le règlement de la FIFA, une étoile représente un titre de ‘Champion du Monde de football’, et non pas une ‘Coupe du Monde de football’.

Je vous l’ai dit, l’Uruguay c’est le respect de l’Histoire, le sens de l’opportunisme, et donc la précision des mots, aussi.

Après tout, comment ne pas respecter la volonté du champion des champions. Vous ne savez pas que l’Uruguay est le champion des champions ? Ça c’est une autre Histoire… Uruguay : Champion des champions

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